jeudi 17 octobre 2013

Sucre et les villages Jalq'a

Du 10 au 12 octobre 2013: la cordillière de Los Frailes.


Il existe des villages proches de Sucre presque complètement coupés du monde. Certains ne se trouvent qu'à 45km de la grande ville, mais on ne peut les atteindre qu'en marchant, ou bien par des pistes qui ne sont praticables qu'en période sèche. Les habitants, les Jalq'a, vivent de la culture du blé et du maïs, de l'élevage (porcs, chèvres, vaches, volaille), et de la vente de leurs tissus, un savoir faire transmis depuis des générations, et qui se vendent à prix d'or. Certains villages n'ont accès à l'eau potable et à l'électricité que depuis 3 ans et d'autres n'ont encore rien....
De nombreuses agences de voyage dans Sucre proposent des tours organisés, allant d'une journée marathon à trois jours. C'est cette option que nous avons choisi, car nous avons le temps, nous voulions marcher et pouvoir observer de plus près la beauté des paysages, la rudesse de la vie des communautés locales.

Les agences explosent les prix, vous font craindre les transports collectifs, tentant de nous vendre des tours avec véhicules privés. Certains vendeurs nous ont même décrit des bus collectifs dignes de l'arche de Noé!! Un peu flippant?? Nous avons eu la chance, en faisant le tour des agences, de tomber sur Pablo, un jeune guide diplômé et étudiant en français à l'Alliance française, qui propose ses services en free lance quand il n'est pas sous contrat avec une agence. Il nous a ainsi proposé un tour de trois jours, avec les transports collectifs, pour 1200 bolivianos (contre plus de 2000 en agence).


Et c'est parti! Debout aux aurores en ce jeudi matin, 6h30, nous voilà embarqués dans un premier bus, direction le sanctuaire de la vierge de Chataquila, à 35km de Sucre. La petite église, perchée à 3730m, fermée pour cause de pillage, est le point de départ du chemin des incas, qui nous amène 4km plus loin, à 3000m, au village de Chaunaca.








Petit tour dans le village, où nous avons discuté avec l'institutrice du village, puis retour dans la "maison" d'Augustina, 95 ans, qui nous avait préparé le repas du midi. Premier choc. Retour en arrière d'une bonne centaine d'années... Augustina, veuve, vit seule au milieu de ses chats, chatons, chiens, lapins, cochons d'Inde, poules et j'en passe dans une case pas plus grande qu'un garage. Une gazinière se planque au fond de ce qui lui sert de cuisine, garde manger ... Une marmite bouillonnante et intrigante nous attendait, renfermant notre déjeuner: du cuy (cochon d'Inde) rôti, avec riz et pommes de terre, le tout servi sur une chaise en bois en guise de table. Nous devions avoir l'air d'ovnis, avec nos chaussures de rando et nos polaires, assis dans cette petite cour pavée, presque gênés d'être là... Drôle de repas en tout cas. 








 Après ce "délicieux" repas local, nous avons repris la route en direction du village de Maragua, situé dans un cratère, à une bonne dizaine de kilomètres de là. Les paysages, aussi variés que magnifiques, nous ont donné du courage car il nous a fallu monter, descendre...puis remonter pour arriver sur cet incroyable plateau, digne d'une palette de peintre. 



















Les avis divergent quand à la formation de ce cratère aux formes improbables. Certains affirment qu'il s'agit d'un ancien volcan, d'autres pensent qu'une météorite s'y est abattue. N'étant pas géologues, nous ne dirons rien si ce n'est que nous avions l'impression d'être au beau milieu d'un plateau d'huîtres! 



Dans ce village relié à l'électricité depuis 3 ans, nous avons eu l'agréable surprise de découvrir notre logement pour la nuit, une charmante case blanchie à la chaux, avec deux chambres, cuisine, toilette et ... douche! Ok l'eau était froide, mais nous avons pu nous laver de la poussière ocre de la randonnée.





Dîner encore une fois local et bien pittoresque chez Angela, 64 ans, qui était ravie de nous servir une bonne soupe de pâtes, des pommes de terre assaisonnées de piments (wouahhh) et ... c'est tout. 

















Nous avons dîné bien sagement, avant de rejoindre un groupe d'italiens logés dans un dortoir, où nous avons sympathisé avec les deux jeunes guides, soudoyé du pain et du fromage en échange d'une aide pour leur propre dîner! On a bien rigolé, et surtout bien dormi. Heureusement!







Notre marche du lendemain fut très longue, une vingtaine de kilomètres à travers les montagnes, rencontrant des gens semblant venir de nulle part et n'allant nulle part. Incroyable cette vie dans ces terres pourtant fertiles, mais dures à travailler, où seuls les animaux domestiques semblent vouloir vivre, par obligation. Les ânes sont nombreux, uniques moyens de locomotion entre deux maisons, et à fortiori entre deux villages.
















Nous avons fait une première pause en fin de matinée, pour admirer de nouvelles traces de dinosaures, très impressionnantes par rapport au musée de Sucre car nous avons pu nous asseoir à côté et les observer de près. Le coin en regorge d'après les dires des enfants que nous avons croisés sur notre route.


 Second arrêt pour déjeuner, sur un terrain de basket jouxtant une école, au doux son du braiments des ânes... Au menu, sardines, fromage, pain dur et pommes. FAMEUX...



L'après midi nous apportera son lot de découvertes, avec les mêmes couleurs violette, ocre et verte, mais étalées le long d'une vallée fertile, où la vie des villages se règle sur les travaux des champs, tout un art de vivre...






Le dernier village à nous accueillir, Potolo, est lui moins isolé: deux bus par jour le relie à Sucre, et les voitures font de nouveau partie du paysage.

Après nous être installés dans le même type de construction que la veille, Gaëtan a décidé de parfaire son espagnol... Il a trouvé très drôle d'aller avec la famille gardienne de notre hébergement pour les aider à trier la récolte de maïs!!! Vision extraordinaire que celle de notre fils, discutant un franco-anglo-espagnol avec des enfants et des adultes morts de rire, étalé de tout son long dans le jardin. Nous sommes très fiers de lui, de sa témérité et de sa spontanéité. Il commence à prendre ses aises dans ce voyage et il nous épate chaque jour par ses capacités d'adaptation (marches, nourriture, hébergements...).







Une dernière nuit donc, et un bus qui se fait désirer le lendemain matin...nous qui étions tout de même pressés de retourner à l'hôtel pour bénéficier d'une douche chaude et d'un bon morceau de viande! Qu'à cela ne tienne, un camion de chantier passant par la place du village a proposé d'embarquer les quelques échoués présents. Allez hop! En route dans la benne du camion!!! Voyage de retour extraordinaire, vertigineux même car la route longe un beau précipice sur une trentaine de kilomètres.













Et voilà, une bonne douche et une pizza énorme plus tard, nous nous sommes écroulés de fatigue dans nos lits, bien heureux de notre incursion dans ce monde à part, ce monde rural si difficile que l'on y croit à peine, nous les privilégiés du monde moderne.

Bonne nuit...




2 commentaires:

  1. je me repete mais vous faites un vrai voyage d'aventure avec votre fils , je trouve ca genial !
    Allé au plus pret des gens dans des villages reculés c'est ça le but je pense quand on part comme vous ! j'aurais aimer faire tout ça , je le vie grace a vous !!
    Bisous a vous 3
    Lili

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  2. Une chose est certaine c'est une belle leçon de vie lorsque l'on à la chance de partager des moments quotidiens auprès des personnes qui sont reculées de la "civilisation", profitez c'est si bon! En même temps savourez cette pizza qui d'ici, sent si bon!!!!! Maintenant Gaëtan à un certain coté "Robby Naish" je trouve, mais ça lui va bien, de plus il à l'air d'avoir poussé d'un coup.... Gros bisous à lui et gardez-en un peu pour vous quand même! Au fait vos photos sont toujours aussi belles, et les couleurs restes vraiment magiques, bref ça nous donne envie de venir.

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