Il existe des villages proches de Sucre presque complètement coupés du monde. Certains ne se trouvent qu'à 45km de la grande ville, mais on ne peut les atteindre qu'en marchant, ou bien par des pistes qui ne sont praticables qu'en période sèche. Les habitants, les Jalq'a, vivent de la culture du blé et du maïs, de l'élevage (porcs, chèvres, vaches, volaille), et de la vente de leurs tissus, un savoir faire transmis depuis des générations, et qui se vendent à prix d'or. Certains villages n'ont accès à l'eau potable et à l'électricité que depuis 3 ans et d'autres n'ont encore rien....
De nombreuses agences de voyage dans Sucre proposent des tours organisés, allant d'une journée marathon à trois jours. C'est cette option que nous avons choisi, car nous avons le temps, nous voulions marcher et pouvoir observer de plus près la beauté des paysages, la rudesse de la vie des communautés locales.
Et c'est parti! Debout aux aurores en ce jeudi matin, 6h30, nous voilà embarqués dans un premier bus, direction le sanctuaire de la vierge de Chataquila, à 35km de Sucre. La petite église, perchée à 3730m, fermée pour cause de pillage, est le point de départ du chemin des incas, qui nous amène 4km plus loin, à 3000m, au village de Chaunaca.
Petit tour dans le village, où nous avons discuté avec l'institutrice du village, puis retour dans la "maison" d'Augustina, 95 ans, qui nous avait préparé le repas du midi. Premier choc. Retour en arrière d'une bonne centaine d'années... Augustina, veuve, vit seule au milieu de ses chats, chatons, chiens, lapins, cochons d'Inde, poules et j'en passe dans une case pas plus grande qu'un garage. Une gazinière se planque au fond de ce qui lui sert de cuisine, garde manger ... Une marmite bouillonnante et intrigante nous attendait, renfermant notre déjeuner: du cuy (cochon d'Inde) rôti, avec riz et pommes de terre, le tout servi sur une chaise en bois en guise de table. Nous devions avoir l'air d'ovnis, avec nos chaussures de rando et nos polaires, assis dans cette petite cour pavée, presque gênés d'être là... Drôle de repas en tout cas.
Les avis divergent quand à la formation de ce cratère aux formes improbables. Certains affirment qu'il s'agit d'un ancien volcan, d'autres pensent qu'une météorite s'y est abattue. N'étant pas géologues, nous ne dirons rien si ce n'est que nous avions l'impression d'être au beau milieu d'un plateau d'huîtres!
Dans ce village relié à l'électricité depuis 3 ans, nous avons eu l'agréable surprise de découvrir notre logement pour la nuit, une charmante case blanchie à la chaux, avec deux chambres, cuisine, toilette et ... douche! Ok l'eau était froide, mais nous avons pu nous laver de la poussière ocre de la randonnée.
Second arrêt pour déjeuner, sur un terrain de basket jouxtant une école, au doux son du braiments des ânes... Au menu, sardines, fromage, pain dur et pommes. FAMEUX...
L'après midi nous apportera son lot de découvertes, avec les mêmes couleurs violette, ocre et verte, mais étalées le long d'une vallée fertile, où la vie des villages se règle sur les travaux des champs, tout un art de vivre...
Le dernier village à nous accueillir, Potolo, est lui moins isolé: deux bus par jour le relie à Sucre, et les voitures font de nouveau partie du paysage.
Après nous être installés dans le même type de construction que la veille, Gaëtan a décidé de parfaire son espagnol... Il a trouvé très drôle d'aller avec la famille gardienne de notre hébergement pour les aider à trier la récolte de maïs!!! Vision extraordinaire que celle de notre fils, discutant un franco-anglo-espagnol avec des enfants et des adultes morts de rire, étalé de tout son long dans le jardin. Nous sommes très fiers de lui, de sa témérité et de sa spontanéité. Il commence à prendre ses aises dans ce voyage et il nous épate chaque jour par ses capacités d'adaptation (marches, nourriture, hébergements...).
Et voilà, une bonne douche et une pizza énorme plus tard, nous nous sommes écroulés de fatigue dans nos lits, bien heureux de notre incursion dans ce monde à part, ce monde rural si difficile que l'on y croit à peine, nous les privilégiés du monde moderne.
Bonne nuit...
je me repete mais vous faites un vrai voyage d'aventure avec votre fils , je trouve ca genial !
RépondreSupprimerAllé au plus pret des gens dans des villages reculés c'est ça le but je pense quand on part comme vous ! j'aurais aimer faire tout ça , je le vie grace a vous !!
Bisous a vous 3
Lili
Une chose est certaine c'est une belle leçon de vie lorsque l'on à la chance de partager des moments quotidiens auprès des personnes qui sont reculées de la "civilisation", profitez c'est si bon! En même temps savourez cette pizza qui d'ici, sent si bon!!!!! Maintenant Gaëtan à un certain coté "Robby Naish" je trouve, mais ça lui va bien, de plus il à l'air d'avoir poussé d'un coup.... Gros bisous à lui et gardez-en un peu pour vous quand même! Au fait vos photos sont toujours aussi belles, et les couleurs restes vraiment magiques, bref ça nous donne envie de venir.
RépondreSupprimer