lundi 21 octobre 2013

Potosi

 Le 15 octobre 2013

Potosi est une ville minière, pas forcément très belle de prime abord, mais il n'est pas désagréable de se balader dans les rues animées, semées d'échoppes en tous genres et de marchés couverts.


















Les touristes s'arrêtent ici essentiellement pour visiter les mines, seul intérêt réel de la région. Beaucoup ne marquent pas la pause car ils se sentent gênés par cette incursion dans ce monde si difficile. Conscients du côté un peu voyeur de notre démarche, nous avons pourtant choisi de faire cette visite, ne voulant pas épargner à Gaëtan la vision d'un travail qui existait il y a encore peu chez nous, dans des conditions tout autant périlleuses et effectué également par des adolescents.

De nombreuses agences proposent le tour, nous avons choisi pour notre part celle rattachée à notre hôtel, La Casoña (pas mal quand les travaux seront finis!!!). Compter environ 70 bolivianos par personne pour une demie journée.
Première tâche: nous habiller. C'est assez hallucinant de voir comme dans un pays où les gens ne sont pas très grands on ne trouve pas chaussure à son pied. Gaëtan s'est retrouvé affublé de bottes deux pointures au-dessus de sa taille, un pantalon XXXL, une veste et un casque pour adulte... Pareil pour Franck et moi! Je pense que des bretelles n'auraient pas été de trop!

La visite commence par un arrêt dans un des nombreux magasins de ravitaillement pour mineurs. Notre guide nous explique que les mineurs mâchent énormément de feuille de coca, pour se couper la faim (il n'y a pas de toilettes dans les galeries, donc ils ne mangent pas). 






Il nous sort ensuite une petite fiole, contenant de l'alcool, pour arroser la terre en guise de prière à la pachamama (terre mère) pour les protéger, mais aussi pour le boire, soit nature, soit mélangé avec un soda local. Cet alcool titre 96°!! Je vous laisse imaginer l'espérance de vie d'un gars travaillant parfois dès 15 ans à la mine, fumant, mâchant la coca et buvant de l'alcool tous les jours, sauf le dimanche.



Les coopératives minières sont très nombreuses autour de Potosi, il y en a 48, chacune couvrant des dizaines de kilomètres de galeries, transformant les collines alentours en véritable gruyère. 15000 personnes y travaillent actuellement. Le travail commence jeune pour certains car même si l'âge légal est fixé à 18 ans, certains triment dès 15 ans. Il n'y a pas de quotas fixé, celui qui veut travailler trouve un chef pour l'employer et peut au bout de 3 ans prétendre à trouver un bout de galerie à exploiter, en employant à son tour des jeunes. Pour les plus endurants, la petite cinquantaine marque la fin de carrière, mais on ne vit pas vieux dans ce monde là. Nous avons rencontré des mineurs de l'âge de Franck, paraissant 15 ans de plus. Pourquoi autant de mineurs? Parce qu'ils gagnent beaucoup plus que les citadins et les paysans.

Pourtant les filons sont peu rentables. Les espagnols, en arrivant au 16è siècle, ont exploité ces mines d'argent jusqu'à satiété, faisant trimer des milliers d'indigènes. A l'époque, Potosi était l'une des villes les plus riches du monde et l'argent rapporté par les espagnols chez eux a même fortement influencé l'économie européenne. 




Aujourd'hui, les mineurs sortent des quantité de pierres des entrailles de la terre, remettent leur "récolte" à de grandes entreprises de Potosi qui se chargent de faire le tri entre l'argent, la pyrite et le sulfate de potassium. Elles rémunèrent ensuite leurs fournisseurs en fonction du pourcentage de chaque minerais trouvé.





Mais ce travail est dangereux. De fortes croyances et gestes quotidiens font partie de la vie des mineurs. Ainsi, chaque année, ils sacrifient un lama et versent son sang à l'entrée des galeries, pour implorer la terre de ne pas s'écrouler. Un petit autel sur lequel se dresse une sorte de diable statufié leur permet de faire une offrande quotidienne à la Pachamama, sous forme de feuilles de coca, cigarette et alcool.












Pour creuser, ils utilisent des barres à mine, les plus fortunés ont recours à des marteaux piqueurs fonctionnant à l'air comprimé (vendue 80 bs l'heure, soit 9€, sachant que le "smic" est d'un peu plus de 800bs/mois). Le dernier instrument et non pas le moindre est la dynamite! Les bâtons sont vendus au marché, 20bs l'unité, à qui le veut bien. Incroyable.

















La visite permet de circuler dans les galeries, à la rencontre de ces travailleurs de l'ombre, qui triment près de 10 heures par jour, du lundi au samedi. Finalement pas de regret car nous nous enfonçons de quelques centaines de mètres, nous arrêtant de temps à autres pour discuter avec les petits groupes d'hommes, leur offrant coca et boisson "énergisante".















Nous en sommes ressortis sonnés, un peu mal à l'aise de constater la chance que nous avons d'être du bon côté de la barrière. 

Une conclusion intelligente? Il n'y en a pas. Je ne trouve pas les mots. Nous sommes encore plus conscients qu'avant qu'il faut profiter de ce que nous vivons, même Gaëtan le comprend, c'est cela que nous cherchions.







3 commentaires:

  1. Impressionnant!
    On devrait leur envoyer nos syndicalistes les plus intransigeants en stage, histoire de parler "conditions de travail"
    Mais au fait, sur une photo, Franck a entré les lèvres un petit objet blanc......leurs bâtons de chupa chups ne sont tout de même pas si gros?
    En tout cas , Gaëtan est très mignon en habit de mineur......vous aussi d.ailleurs.
    Bisous

    Les Biquets

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  2. Et oui on connais pas notre chance meme si la vie est pas facile tout les jours dans notre pays ! Il y a pas si longtemps nos parents ou grands parents on travaillés durent et commencés jeunes aussi , mon père a lui été vendu a 14 ans a des paysans pour travaillé la terre ( il aurait 86 ans )donc c'est pas si vieux que ça !!!!
    En tout cas Gaetan chapeau , tu es un champion , tu t'adapte a tout , peu d'enfant de ton age , le font ni le ferait , tu vas resorti grandi de ce tour du monde !!
    J'etais en retard dans ma lecture de votre voyage cause du vent fort qui as mis en panne téléphone , internet , mais comme ça j'en avais plus !!
    BISOUS
    Lili

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  3. coucou gaet puré ta de la chance ca doi etre cool ici a la rentré il y aura un autre maitre car il aura une aupération chirurgical bref... c cool aller tchaou
    adrien adrien

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